Il y eut une douleur atroce. Elle disait : « arrêtez de crier, mon petit » et « il faut bien que je fasse mon travail.
Les premiers mots
Je suis descendue à Barbès. Comme la dernière fois, des hommes attendaient, groupés au pied du métro aérien. Les gens avançaient sur le trottoir avec des sacs roses de chez Tati. J’ai pris le boulevard de Magenta, reconnu le magasin Billy, avec des anoraks suspendus au-dehors.
Avant de lire le témoignage d’Aude Mermilliod, j’ai lu celui d’une autre femme qui a posé des mots sur cet « événement » : son avortement.
On est en 1963. 12 ans avant la loi Veil.
On est en 1963 et avorter peut conduire à la prison. Il faut alors trouver des faiseuses d’ange ou des médecins qui osent. Des hommes et des femmes qui comprennent la détresse et qui osent braver les lois.
J’ai fini de mettre en mots ce qui m’apparaît comme une expérience humaine totale, de la vie et de la mort, du temps, de la morale et de l’interdit, de la loi, une expérience vécue d’un bout à l’autre au travers du corps.
Annie Ernaux raconte ses semaines de doutes et d’attentes pour enfin avoir une adresse fiable. Ce qui lui arrive, elle ne veut pas le nommer, ce serait lui donner trop d’importance, elle le nomme « événement ».
En 130 pages, Annie Ernaux nous dévoile sa réalité et les murs érigés devant elle. Toujours avec cette écriture si particulière, elle retrace cette période comme pour exorciser son traumatisme. C’est tellement douloureux de penser à ses milliers de femmes qui ont subi des avortements clandestins avec le danger que cela représentait, au péril de leurs vies.
Découvrir Annie Ernaux maintenant c’est la promesse de tant de belles lectures qui m’attendent.
Et, comme d’habitude, il était impossible de déterminer si l’avortement était interdit parce que c’était mal, ou si c’était mal parce que c’était interdit. On jugeait par rapport à la loi, on ne jugeait pas la loi.
– L’événement d’Annie Ernaux, Editions Gallimard, Collection Folio, 2000, 130 pages –
Oui et quand tu vois l’actu dans certains pays, tu te dis que l’avortement est encore très tabou et mal vu… C’est dingue.
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C’est dingue et ça fait flipper..
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Une auteure que j’apprécie.
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Et moi je l’apprécie de plus en plus 😉
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jamais lu Annie Ernaux mais La honte m’attend, il n’y a plus qu’à!
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Je viens de lire le résumé de La honte… ça a l’air terrible!
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