Tu as la vague idée qu’en l’écrivant, tu les tireras de la tombe. Leur donneras la parole. Formuleras ce qu’elles ont toujours tu.
Les premiers mots
Tes yeux immenses. Ton regard doux et patient où brûle ce feu qui te consume. Où sans relâche la nuit meurtrit ta lumière. Dans l’âtre, le feu qui ronfle, et toi, appuyée de l’épaule contre le manteau de la cheminée.
Je n’avais jamais entendu parler de Charles Juliet et il a fallu qu’Amandine en fasse un hommage sur Instagram pour que je sois directement attirée par cette histoire. Elle me l’a ensuite gentiment envoyé avec ces mots « Il est à toi« .
Deux mères hantent ce récit. Une qu’il n’a connue que trois mois et l’autre qui l’a aidé à vivre et à devenir quelqu’un. La jetée-dans-la-fosse et la toute-donnée. Et comme pour se rapprocher de la première, il retrace sa vie, lui livre enfin un « tu » qu’il n’a jamais prononcé. Un « tu » qui dévoile les profondeurs de cette femme, solitaire, vaillante et ô combien malheureuse de sa condition de femme dans cette atmosphère paysanne. Elle qui rêvait de livres et de savoirs doit se contenter de travailler et d’abandonner ses rêves d’ailleurs. Elle qui est tombée amoureuse comme on peut l’être qu’une seule fois dans sa vie, ne se remettra pas du drame qui la touchera et sombrera peu à peu.
Tu te retournes pour t’enfuir mais la porte claque. L’horreur. Comme jetée au fond d’une fosse. Une fosse où croupissent des démolis, des effondrés, les crucifiés de l’interminable souffrance.
La deuxième partie s’ouvre de nouveau sur un « tu » mais ici c’est l’auteur qui se parle à lui-même. Ce « tu » qu’il n’aime pas et qu’il essaie de reconstruire avec des mots, des phrases qui le transformeraient, enfin. Ce « tu » qui grâce à l’amour de cette mère adoptive est un homme aimé et écouté. Mais ce n’est parfois pas assez pour se construire en tant que personne. Les cicatrices invisibles et tues sont douloureuses et il est difficile pour lui d’aller contre ses démons.
Plus tard, tu découvres cette autre évidence: puisque tu ne t’aimes pas, il t’appartient de te transformer. Te recréer. Une certaine exigence t’habite. Elle te soutiendra, te guidera, te fournira la petite lumière qui te permettra de te frayer un sentier dans ta nuit.
Deux récits qui abordent la solitude, celle de la mère et du fils. Ils dévoilent le poids du passé et les conséquences qui en découlent avec une force rarement lue.
Merci infiniment, Amandine.
– Lambeaux de Charles Juliet, Editions Folio, 2018, (original 1995), 155 pages –
dans ma pal, il va falloir que je trouve le temps de découvrir cet auteur
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Si tu l’as déjà, sache qu’il se lit très rapidement !
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Qu’est-ce que j’avais aimé ce livre….
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Pareil.. une très belle découverte…
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J’avais lu ce billet, d’Amandine, et déjà noté ce titre, puis je l’ai oublié. merci pour la piqûre de rappel 😉
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Mais de rien! Ça fait du bien de se plonger dans ces récits un peu oubliés.
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Crois-le ou non, mais il y a une vingtaine d’année, Charles Juliet était un auteur phare pour moi. Ses journaux m’ont accompagnée pendant plusieurs années. Ses réflexions sur la solitude me parlaient énormément… Je n’ai pas toujours lu de la littérature américaine!!!
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Oh je suis émue de lire ton commentaire ! ( Et de te revoir par ici 😉)
Tu me donnes envie de lire les journaux de l’auteur !
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J’en entends tellement parler … Et tu n’arranges rien ! Il faut donc que je le lise ! 😉
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Il te plairait !
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Je me souviens avoir été très touchée par ce livre ce style. Je pense le relire peut être pour me plonger encore dedans avec un regard plus mature.
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C’est sûr qu’il peut avoir plusieurs significations par rapport à l’âge auquel on le lit.
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Je ne connais pas du tout mais ça a l’air très beau!
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C’est vraiment beau, j’ai été très touchée.
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Je connais l’auteur de nom mais ne l’ai jamais lu, tu m’intrigues fort, là.
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Il mérite d’être découvert !
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je garde de ce livre un souvenir ému et magnifique, je le recroise de temps en temps dans ma bibliothèque et je me dis que je devrais le relire…
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Merci de partager ton émotion avec moi 😉
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Je peux enfin te lire maintenant que j’ai écrit ma chronique.
Quelle belle histoire! J’ai tellement aimé ce roman.
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Hâte de te lire!
C’est un livre que j’offrirai sans hésitation !
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