ÉPAULES
C’est un geste qui appelle l’univers. Un geste d’enfant qui aime gros comme ça. Et, même si, d’un majeur à l’autre, l’univers de leurs deux bras ne fait pas cinquante centimètres, on sait que le geste représente toute l’amplitude du cœur. Le nécessaire pour embrasser les possibles.
Les premiers mots
FLANC
Mon corps: un corps creux. Mon dos seul subsiste, surface de flottaison. Mon corps: un canot.
L’air comme rabot tente d’éliminer une douleur qui persiste; d’éradiquer l’abandon qui me moisit au flanc. Creuse encore, douleur persistante. Creuse au risque de te fendre.
Mon corps est flottant. Pour l’instant.
Notre corps, notre enveloppe. Ce qu’il dit de nous, ce qu’il laisse à penser.
Des points de beauté qu’on aimerait compter, des cicatrices qu’on ferait bien disparaître comme des souvenirs de vie.
L A R M E S
L’hiver, ce sont d’épais foulards. L’été, des verres fumés.
Par expérience, je sais qu’il suffit de cacher la moitié du visage pour que personne ne remarque que vous pleurez.
En décomposant les parties du corps d’une manière poétique et terriblement belle, Catherine Voyer-Léger nous fait ressentir des émotions pour chacune d’elles.
Chaque partie est associée à une trace du passé, à une réflexion. Le propos devient au fil des pages, plus intime et ce n’est plus le corps en tant que tel mais les douleurs, les sensations ressenties, positives ou négatives, qui refont surface.
L’autrice interroge son corps et ce qu’il produit par rapport à l’autre. Car bien qu’il soit à nous, il est vu, observé, par les autres. Et leur regard peut autant détruire que rendre fort.
272 pages d’introspection qui m’ont émue et qui m’ont donné à sourire. Les pages cornées tout au long de ma lecture révèlent la ferveur avec laquelle je les ai parcourues.
À lire petit à petit, pour se laisser le temps de se questionner, de regarder son corps, de se souvenir.
T R A N S P A R E N C E
Sans filtre, comme si c’était une évidence. Ne pas mesurer le poids des mots qui se disent ni leur effet sur la foule dans l’ombre.
J’ai choisi l’écriture parce que c’est la forme d’art qui permet le mieux de cacher le corps.
Être à ce point solide dans la lumière pour rappeler le désir de ne pas être vue.
Et si, à force d’en parler, on cessait de le regarder?
– Prendre corps de Catherine Voyer-Léger, Editions La Peuplade, 2018, 272 pages –
Ça doit être très intéressant comme lecture mais ce n’est pas trop mon style. Te connaissant, je ne suis pas étonnée que ce roman t’ait autant plu !
J'aimeAimé par 1 personne
Je ne crois pas non plus que ce soit ton style d’écriture. Un peu trop poétique pour toi 🙂
J'aimeJ'aime
Je crains le côté introspectif.
J'aimeAimé par 1 personne
Ca l’est, donc si ça ne te plait pas, passe ton chemin. 😉
J'aimeJ'aime