L’écart– Amy Liptrot

J’ai cessé de boire pour faire quelque chose de ma vie, pas pour passer mon temps à raconter que j’ai cessé de boire.

Les premiers mots

Sous les pales vrombissantes d’un hélicoptère prêt à décoller, une jeune femme en chaise roulante serre son nouveau-né dans ses bras tandis qu’un infirmier la conduit vers un homme également en fauteuil, entravé dans une camisole de force, qui arrive en sens inverse sur l’unique piste de l’aéroport.

Tout au nord de l’Ecosse se trouvent des îles aux falaises verdoyantes peuplées en grande partie d’animaux. C’est un lieu qui apaise et qui peut guérir. Cet archipel se nomme Les Orcades.

Amy, alcoolique, est originaire d’une de ces îles. Pour se reconstruire et oublier son ancienne vie londonienne faite d’alcool et de débauches, elle retourne sur ses terres natales et plus précisément à l’Ecart, un coin de pâture appartenant à ses parents . Elle sait que cette coupure lui est nécessaire si elle veut survivre et éliminer ses vieux démons.

Sur cette île, elle redécouvre le monde, elle ouvre les yeux sur ce qu’elle avait tant envie de quitter à l’âge de dix-huit ans. Cet âge où Londres lui paraissait être un eldorado et la ville de tous les possibles mais ce ne fut pas le cas. Cette ville l’a noyée, l’a détruite et l’a brisée. Comme un dernier sursaut, elle rentre en cure de désintoxication et quitte ensuite la capitale pour rejoindre les paysages de son enfance.

Dans les premiers temps, ce nouveau mode de vie m’effrayait. J’avais parfois l’impression que j’étais fichue, qu’il ne m’arriverait plus rien d’intéressant. Je n’arrivais même pas à imaginer que je puisse un jour danser sans avoir bu.

En s’intéressant aux oiseaux, aux astres, au monde sous-marin, Amy se ressource et apprend à scruter ce qui l’entoure. Seule, elle n’a d’autres choix que de s’occuper l’esprit pour ne pas sombrer une nouvelle fois vers la boisson. Car si elle se sent « mieux » sur cette île, elle sait qu’une seule gorgée d’alcool pourrait la faire retomber. Alors elle lutte avec elle-même tous les jours jusqu’à se rendre compte qu’elle est abstinente depuis un mois, puis deux, puis … 24 mois. Le combat est dur mais la volonté dont elle fait preuve est grande et Amy ne lâche rien.

Etre absorbée par ce récit qui parle autant d’oiseaux et de nature n’était pas du tout au programme. Si c’est le récit sur l’alcoolisme qui m’a fait choisir ce livre sur Babelio, son retour aux sources m’a énormément touchée. Je me suis promenée avec elle dans ces praires où le vent et ses bourrasques peuvent nous faire flancher, j’ai nagé avec elle et avec les phoques, j’ai respiré l’air pur de l’Ecosse et emmené mon esprit vers ces paysages sauvages.
Amy Liptrot se livre à nous sans cacher ses faiblesses et ses peurs. Elle ne prétend à aucun moment que ce voyage est en train de la guérir, ce n’est pas son but. Elle raconte sa résistance face à son alcoolisme avec une sensibilité et une clairvoyance qui m’ont bluffée. 

Je me détruisais verre après verre.

L’avis optimiste de Kathel.

– L’ecart d’Amy Liptrot, traduction de Karine Reignier-Guerre, Editions Globe, 2018, 334 pages –

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24 réflexions sur “L’écart– Amy Liptrot

  1. Lili dit :

    J’avais demandé ce titre, entre autres, aux matchs de la Rentrée Littéraire et puis c’est un autre que j’ai finalement reçu. Le récit d’un retour aux sources pour se reconstruire au fin fond de l’Ecosse me plaisait bien, et les extraits que j’en avais lus m’avaient séduite aussi. Ce n’est que partie remise, je le dénicherai sûrement à la médiathèque !

    Aimé par 1 personne

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