La mort habitait chez nous. Et elle me scrutait de ses yeux de verre. Son regard mordait ma nuque, se délectait de l ‘odeur sucrée de mon petit frère.
Les premiers mots
À la maison, il y avait quatre chambres. La mienne, celle de mon petit frère Gilles, celle de mes parents et celle des cadavres.
Des daguets, des sangliers, des cerfs.
Derrière cette façade morne, des cadavres d’animaux sont exposés dans une pièce interdite aux enfants. Ils sont les trophées du père, ses bijoux et il est formellement défendu de s’y approcher sous peine de réveiller la colère du paternel.
Mais l’héroïne ne peut s’empêcher de scruter les yeux de ces bêtes. La Vraie Vie, c’était celle-là. Celle de la peur, encore gérable, du père, c’était aussi subir la transparence de la mère mais c’était surtout rire avec Gilles, le petit frère, se livrer à des aventures passionnantes parmi les voitures abandonnées. Pourtant ce sourire, si particulier, de son petit frère disparait après un terrible événement laissant place à un visage de marbre, sans émotions. Cette sœur a de multiples idées pour retrouver cette vie d’avant. Quitte à inventer une machine à remonter le temps, à invoquer la magie…Elle va puiser dans des forces jusque là insoupçonnées pour retrouver son vrai petit frère.
J’aurais aimé que quelqu’un, un adulte, me prenne par la main et me mette au lit. Replace les balises dans mon existence. M’explique qu’il y a aurait un lendemain à ce jour, puis un surlendemain, et que ma vie finirait par retrouver son visage. Que le sang et la terreur allaient se diluer. Mais personne n’est venu.
« La vraie vie » est un roman avec des mots qui croquent, des phrases qui embarquent et des émotions qui retournent. Pris dans un tourbillon de violence sourde, ce roman pourrait faire penser à David Vann et ses histoires de familles torturées. La tension monte insidieusement. Le père dévoile sa noirceur ainsi que Gilles. Dans tout ce marasme, l’héroïne découvre son corps, sa sexualité, ses désirs et puis se révèle être une formidable scientifique.
On a déjà lu sur ces familles au bord du gouffre : le père violent, la mère absente et l’enfant qui prend son élan pour partir de cette condition. Néanmoins, la sauce prend et je n’ai pas pu lâcher ces pages. Malgré les thèmes vus et revus, il y a quelque chose dans l’écriture d’Adeline Dieudonné qui monte en puissance et qui ne se laisse pas avoir par les clichés et les facilités. A la fois « poétique et cauchemardesque », La Vraie Vie m’a embarquée dans un récit très fort.
Roman lu dans le cadre du concours « Je lis, je participe » des Éditions de l’Iconoclaste.
– La vraie vie d’Adeline Dieudonné, Editions de l’Iconoclaste, 2018, 270 pages –
celui-ci je tiens vraiment à le lire! je pense craquer à mon prochain passage en librairie 😉
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Je crois que tu l’apprecieras!
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Non, toi aussi? Ralalala, quel enthousiasme! J’adore l’expression « des mots qui croquent », je vais te la piquer, je crois 😉
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Moi aussi… Même si grâce au concours je l’ai lu avant l’enthousiasme général !
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Bon, tu m’as convaincue ! Et sinon, l’auteur ne serait pas belge ??
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Si si elle est belge😉
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J’entends et je lis beaucoup de bons avis sur cette autrice. Ma curiosité est piquée ! 🙂
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On en entend beaucoup parler oui, au risque de ne pas voir les autres sorties littéraires… Mais il vaut le coup, j’ai écrit ce billet tôt, début juillet, avant que toutes les bonnes critiques n’arrivent et mon avis n’a pas changé. 🙂
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Au moins, c’est une mise en avant qui vaut la peine, cette fois :). C’est chaque année la même rengaine malheureusement : il est impossible de parler de tous les livres qui sortent à cette période.
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Non il faut faire un tri!
Je crois sincèrement que si je ne l’avais pas reçu dans le cadre du concours, j’aurais hésité à aller vers ce livre mais ça aurait été dommage!😉
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J’hésite depuis un bout… Tu penses qu’il me plairait?
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Je crois que oui! (S’il est sélectionné pour le Prix Elle, il y a de grande chance que je l’aie, je pourrai te l’envoyer mais il faudra attendre un peu)
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Il fait partie de la sélection des matchs de la rentrée littéraire mais je n’ai pas envie de noirceur en ce moment. Je vais donc en sélectionner d’autres !
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Alors ne va pas vers lui, je te comprends!
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Je vais finalement devoir le lire dans le cadre du Grand Prix des lectrices de Elle !
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Je fais aussi partie du juré, donc je l’aurai en double 😁
J’espère qu’au moment de ta lecture tu seras disposée à lire ce genre de roman !
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une de mes prochaines lectures ! le roman m’avait vraiment intrigué à la présentation de la RL de l’Iconoclaste, et je vais avoir l’occasion de rencontrer l’auteure vendredi prochain au Forum Fnac Livres !
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Ah super! J’espère que tu en feras un retour !
Elle est l’invitée dans une libraire en Belgique et je pense y aller!
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Un titre phare de cette rentrée !
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Oui! On entend beaucoup parler !
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Tu as aimé mais je ne peux pas me détacher de l’idée du déjà vu et revu…
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Mais elle tire bien son épingle du jeu! 🙂
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Il est possible que je le lise un jour si je le trouve dans une bibliothèque.
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Il y sera sûrement ! ( Vu tous les prix pour lesquels il est pressenti !)
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« Des mots qui croquent » ; c’est tout à fait ça, tu en parles si bien!! Un roman et surtout une écriture qui m’ont embarquée!!
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Merci Laure! On est toutes les deux d’accord sur ce roman!
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Il est sur toutes les listes ! Je vais le lire pour le Prix Goncourt des lycéens et j’ai entendu qu’il venait d’obtenir le prix FNAC.
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Et il reçoit beaucoup de prix! 🙂
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Littérature sans ailes, du bon feel good pour ceux qui sont fatigués ou peu exigeants… à ranger auprès de Ledig, Lévy tous les faiseurs de populo story…
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Du feel-good? Je n’ai pas la même définition que vous alors. Et pour ma part son livre est très différent des auteurs que vous citez.
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du feel-light
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