Hotel Lonely Hearts – Heather O’Neill

Ce n’était pas une bonne chose que de posséder une imagination pour une fille vivant à Montréal au début du XXe siècle.

Les premiers mots

En ce jour de 1914, une très jeune fille frappa à la porte de l’hôpital de la Miséricorde, rue Dorchester. Potelée, elle avait des joues rondes comme des pommes et des boucles blondes. Elle n’avait que douze ans. 

Tous deux pensionnaires d’un orphelinat de Montréal, Rose et Pierrot, deux enfants abandonnés, se découvrent une passion commune pour le spectacle. Le garçon au piano et la fille qui danse en rythme. Ils sont beaux ces deux enfants. Une beauté atypique qui fera des jaloux au sein de cet orphelinat mené d’une main de maître par des bonnes sœurs aux pratiques plus que douteuses.

Leur spectacle se produira en dehors des murs sombres et ils auront à cœur de rêver à une vie meilleure. Mais ils devront revoir leur plan suite à leur séparation forcée. Rose aura des aspirations de grande vie, quant à Pierrot, il sombrera vite dans la drogue.

Mais Rose et Pierrot étaient des orphelins. Il y avait quelque chose de magique à les entendre parler de leur existence tragique d’une petite voix si flûtée. Ils étaient des métaphores de la tristesse. Comme quelqu’un qui joue un requiem sur un xylophone.

Dramatique est peut-être le mot qui vous vient à l’esprit en lisant ce résumé. Oui, ce roman l’est. Les deux personnages doivent faire face aux affres de la vie mais c’est sans compter sur leur optimisme sans faille. Ils espèrent se revoir pour enfin vivre de leur passion et s’aimer passionnément. Ce qui leur arrive est à la limite du supportable: coups, blessures, viols, prostitution, drogues… mais une certaine légèreté vient contrer la noirceur et rend le malheur moins lourd.

Pourtant, le récit m’a ennuyée. Je ne croyais pas aux mots qui sortaient de la bouche d’enfants de dix ans. Tout était trop « pompeux » et pas assez vrai. Si ça m’a amusée au début de ma lecture, ce choix m’a agacée pour les 400 pages suivantes. J’avoue avoir survolé la fin, n‘étant plus intéressée par le destin de Rose et de Pierrot qui m’ont tout au long de ma lecture, paru insaisissables. Comme Marie-Claude avant moi, ces personnages sont restés loin de moi et je n’ai ressenti que peu d’empathie pour leur histoire. 

Mes lectures se suivent et se ressemblent (No Home, Vers la beauté, )… mon cœur de lectrice ne s’emballe que trop rarement ces temps-ci. Pour contrecarrer ce schéma de déception, je relis le recueil de nouvelles de J. C Oates « Etouffements » et je reprends plaisir à lire!

– Hôtel Lonely Hearts de Heather O’Neill, traduction de Dominique Fortier, Editions Alto, 2018, 540 pages – 

22 réflexions sur “Hotel Lonely Hearts – Heather O’Neill

  1. Alaska dit :

    Il ne m’attire pas trop ce roman… Je l’ai vu à plusieurs reprises, en librairie, en bibliothèque, et bof. Le thème m’attire moyen et j’avoue que je ne suis pas la plus grande fan des récits racontés par des enfants. Enfin, je dis ça, mais ça dépend toujours. Je pense en fait que les ados et les jeunes adultes me touchent plus que les enfants. Je vais passer mon tour 😉

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  2. maghily dit :

    Le début de ta chronique m’a donné envie [faut dire, dès qu’on parle de Montréal, je suis partante !] mais comme toi, j’ai souvent tendance à décrocher quand les enfants parlent un peu trop comme des adultes… Du coup, je pense passer mon tour ! J’espère que tes prochaines lectures te feront renouer avec le plaisir ! 🙂

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    • mespagesversicolores dit :

      (Moi c’est pareil mais avec les récits en Islande , je ne résiste pas!)

      Je préfère les récits où les enfants ont vraiment un langage enfantin, je pense à Room par exemple. Ici c’était « trop » et puis il était long, trop long!

      Merci, normalement, je vais mieux choisir les prochaines!

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      • Marie-Claude dit :

        Des enfants comme voix narratives, c’est toujours casse-cou et rarement réussi. C’est vrai, « Room » était vraiment top pour ça.

        Oui, « Chercher Sam » ne passait à Montréal. « Le jeu de la musique aussi », mais celui-là, j’aime mieux ne pas en parler!!!

        Tu résumes bien le roman: « Une certaine légèreté vient contrer la noirceur et rend le malheur moins lourd. » N’empêche, c’était trèssss long et d’une grande froideur, je trouve!

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  3. histoiresdenlire dit :

    La couverture et le début de ta chronique m’ont donné envie … mais ça a l’air bien glauque et tristounet tout ça ! Là, j’ai besoin d’un peu plus léger … je viens de retrouver dans ma pal l’intégrale de la série « 4 filles et un jeans », que j’embarquerais bien avec moi en vacances 😉

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  4. Marie-Claude dit :

    Il paraîtra au Seuil à la rentrée, sous le titre: « Les Enfants de coeur ». J’ai hâte de voir comment il sera reçu…

    Pour moi, le meilleur roman de Heather O’Neill demeure « La ballade de Baby », qui se passe aussi à Montréal, mais de nos jours. Relation père-fille-ado épique et sublime. La traduction était moyenne, mais je garde un excellent souvenir de l’intrigue.

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