Martin Eden – Jack London

Ce qu’ils avaient fait, il pouvait le faire. Ils avaient appris la vie dans les livres, et lui l’avait vécue.

Les premiers mots

Arthur ouvrir la porte avec son passe-partout et entra, suivi d’un jeune homme qui se découvrir d’un geste gauche. Il portait de grossiers vêtements de marin qui détonnaient singulièrement dans ce hall grandiose.

Face aux billets élogieux de Moka et de Noukette, je risque de faire pâle figure pour vous parler de ce roman écrit en 1909 qui m’a faire sortir de ma zone de confort, qui m’a prouvé que la littérature pouvait être exigeante, qui ne m’a pas lâché pendant une dizaine de jours et qui m’a prise dans ses filets.

Il promena les yeux dans la pièce et ferma les paupières. Dix mille volumes! Non, il avait assez vu la mer. Le pouvoir était ici, dans les livres.

A force de lire des avis dithyrambiques qui le qualifie de chef d’œuvres, j’avais des craintes quant à la complexité de ce qui m’attendait. Et ça a été le cas.
Dire que j’ai lu Martin Eden de façon fluide serait mentir. Ces pages offrent une densité incroyable, une écriture pointilleuse le tout servi par un personnage d’une force monstrueuse. Car si l’écriture est magnifique, le personnage de Martin l’est tout autant. Cet homme qui pour se faire aimer d’une belle bourgeoise décide de se cultiver jusqu’à plus soif, a une volonté de fer. Il ne lâche rien. Et une fois l’amour de la littérature découvert, il se décide d’écrire. Il sent qu’il a du talent mais comment le faire comprendre aux autres? Quelle est la valeur de ce qu’on se décide un jour de mettre par écrit?
L’écriture le hante, il n’en dort plus, se réfugie dans les mots pour enfin donner sa voix. Car il est convaincu d’avoir du talent et il faut que tous le sache, Martin Eden est un écrivain et plus un vagabond! Il peut enfin appartenir à cet univers de philosophes, de penseurs. Sa pensée se construit et il accède à des savoirs jusqu’alors inconnus.

La masse de livres qu’il lut, ne lui servit qu’à stimuler son impatience. Chaque page de chaque volume n’entrebâillait qu’une fenêtre minuscule du paradis intellectuel, et son appétit, aiguisé par la lecture, augmentait à mesure.

Pris dans un tourbillon de culture et de savoir, Martin Eden se révèle. Il devient un autre, oublie sa condition, se sent « meilleur » que les autres. Mais cette ascension ne se fera pas sans mal. Plus il lit et écrit, plus il se rend compte du monde dans lequel il évoluait et du monde vers lequel il tend: un monde bourgeois où les apparences sont plus importantes que les actes. Ecrire le fait naître parmi les hommes.

Face à un tel livre, on peut se sentir un peu petit. Ça a été mon cas. J’ai été soufflée par l’amour entre Martin et Ruth, soufflée par cette attirance entre les deux, soufflée par son obstination incessante d’écrire, sa force et sa beauté.

La fonction propre de l’homme est de vivre, non d’exister. Je ne gâcherai pas mes jours à tenter de prolonger ma vie. Je veux brûler tout mon temps.

– Martin Eden de Jack London (traduction Claude Cendrée), Editions 10/18, 448 pages –

 

25 réflexions sur “ Martin Eden – Jack London

  1. Eli Bennet dit :

    J’ai comme toi beaucoup lu/entendu que ce livre était THE bouquin, le chef d’oeuvre de son auteur etc… J’attends de le trouver en brocante ou en bouquiniste… mais j’angoisse à l’idée de lire (bien que le sujet m’attire énormément!)
    Merci cette chronique honnête,
    Au plaisir!

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  2. Lili dit :

    Un des plus extraordinaires romans qu’il m’ait été donné de lire. Pas moins ! Je me suis aperçue dernièrement en demandant à la plupart des gens de mon entourage s’il l’avait lu que je l’avais déjà refourgué à quasiment tout le monde. Quand on aime…. ahahah 😀
    Après ce titre, j’ai lu « L’appel de la forêt », qu’on catalogue souvent (de façon un peu condescendante) comme « littérature de jeunesse avec chien » pour voir ce que ça pouvait donné avec un regard adulte et, franchement, c’est excellent aussi. Jack London gagne vraiment à être redécouvert après 15 ans 😉

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