Tobiasz pleure à l’envers. Remplit ses poches à chagrin bien profond dans le corps.
Les premiers mots
Le soleil d’automne goutte dans la rue poussiéreuse. le couple se tient devant une porte couleur olive. Elle, petite et ronde, s’appelle Dora. Son compagnon, Hans, a des allures d’échalas mou, le dos courbé vers sa femme qui fait la moitié de sa taille. Ils sonnent. Je les fais entrer. Ma maison semble froide, inhospitalière. Assise sur le canapé, Dora sirote un café noir.
– De qui te sentais-tu le plus proche, ton père ou ta mère?
Quand on sonne à sa porte, un jour de l’année 2012, une dizaine d’années se sont écoulées depuis la mort de son père. La Petite apprend de la bouche d’inconnus, et pourtant issus de la même famille, qu’il « était prisonnier dans un camp d’extermination. Il travaillait dans les chambres à gaz, dans les fours. » La révélation est violente. Il n’a jamais rien dit ou tout du moins l’avait juste évoqué. Nous remontons alors le fil des souvenirs avec la narratrice pour découvrir les mystères, les non-dits, les suppositions, aussi. Sans interlocuteur devant elle, la Petite doit s’imaginer ce que son père a vécu et comprendre son silence. Plongée dans un bassin de piscine, elle relie les évènements entre eux car « il (son cerveau) dit que c’est ici, dans cette piscine, que je trouverai le fil de mon histoire ».
Mon corps se déchire. Lentement. Une déflagration molle.
Construit comme un puzzle, le récit se charge de nous donner des indications de temps comme « La piscine », « 1943 », « 1965 », « 2001 ». Les chapitres sont, parfois, très courts, les fragments de phrases nous happent pour ensuite sauter vers une autre période, plus contemporaine, toujours avec cette délicatesse dans l’écriture. Les périodes se suivent sans ordre chronologique et tout doucement la trame se déplie.
Quelle prétention d’écrire cette histoire. Trier des parallèles entre l’horreur absolue et un bassin de natation. Qui peut y croire, à part moi?
Il ne m’a pas été facile de rentrer tout de suite dans ce récit particulier. Les transitions m’ont freinée mais une fois le « concept » d’écriture compris, je me suis totalement immergée dans les souvenirs de cette famille polonaise et surtout dans la tête de cette femme qui se reconstruit difficilement et qui par la nage et la volonté d’aller au-delà de ses limites, doit se tenir face aux secrets enfouis.
On découvre l’enfance de la Petite, les relations avec sa mère assez conflictuelle, sa volonté de se faire aimer, son granfrère. Et on comprend alors que le silence s’est très vite instauré dans cette maison, peu de mots échangés, peu d’amour librement évoqué… J’ai senti que l’auteure nous offrait un récit extrêmement pudique et tout à la fois précieux et délicat devant l’horreur de ce que son père a vécu à 14 ans dans les camps.
Il ne portait pas de chandail est le premier roman d’une auteure belge édité dans une maison d’édition belge.
– Il ne portait pas de chandail d’Annick Walachniewicz, Editions L’Arbre à paroles, 2018, 184 pages –
Mais c’est intriguant, ce titre… Et une maison d’édition que je ne connais pas. Belge?
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Oui tout est fait maison 😁
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Je suis enfin plongée dedans!
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Génial! J’espère qu’il te touchera !
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intriguant, un auteur que je ne connais pas , une histoire qui sort de ma zone de confort
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C’est son premier roman et j’espère qu’elle ne va pas s’arrêter là.
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Le thème m’est familier mais j’avoue que la forme du récit, et l’extrait ne me tentent pas.
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Je comprends! Il est assez « original » et ce n’est que quelques jours après ma lecture que je me suis rendu compte qu’il n’était pas si mal que ça.
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Une vraie découverte dis donc. Juste une question, ce sont des dents ou des fauteuils un peu design sur la couverture ?
(je penche fortement pour les dents mais j’ai un doute)
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Ce sont des dents… l’explication arrive au milieu du livre 🙂 (et pas de dentiste à l’horizon!)
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Je me suis fait la même remarque que Jérôme concernant la couverture…
Un titre qui me rend curieuse…
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Si tu le désires, je peux te le faire parvenir, ça me ferait plaisir. ( Envoie-moi un mail ou moins sur facebook)
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je suis le grand frère et d ici peu après digestion du livre je donnerai ma version dans un petit résume car dans une rivière il faut voir les deux cotes de la rive….
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