Marx et la poupée– Maryam Madjidi

Rends-leur hommage. Raconte-les non pas avec une modestie feinte et une fierté cachée mais de l’intérieur Maryam, de l’intérieur. Laisse ta douleur s’exprimer.

Les premiers mots

Un homme est assis, seul, dans une cellule.
Il tient dans une main une pierre, dans l’autre une aiguille à coudre, . 
Il creuse la pierre avec la pointe de l’aiguille.
Il grave un nom.

Lire la suite

Chercher Sam – Sophie Bienvenu

Dès que j’aurai retrouvé Sam, je vais redevenir invisible, promis.

Les premiers mots

Avant Sam et moi on se calait dans l’entrée du magasin de tissus qui a brûlé, sur Masson. On pouvait étaler nos shits sans qu’elles partent au vent, ça fait qu’on avait un peu l’impression d’être chez nous. Sam dormait dans le coin, même que les gens s’arrêtaient pour me demander « Y est où ton chien? » tellement on la voyait pas de la rue.

Lire la suite

Je suis une fille de l’hiver– Laurie Halse Anderson 

Est-ce que je préfère mourir à cause de ce qui se passe en moi ou à cause de ce qui se passe malgré moi?

Les premiers mots

Elle me l’annonce comme ça, les mots dégoulinent de sa bouche entre les miettes de muffin à la myrtille, et les virgules trempent dans son café. Elle me le dit en quatre phrases. Non cinq. Je n’ai aucune envie d’entendre, mais c’est trop tard. Les faits bruts me pénètrent, me poignardent en pleine poitrine. Et quand elle vient au pire…
… toute seule, ils ont retrouvé le corps dans une chambre de motel…

Lire la suite

Aux noces de nos petites vertus – Adrien Gygax 

Au bal masqué, nous voulions être les derniers arrivés et les premiers partis.

Les premiers mots

Je ne voulais pas y aller, moi, mais ils m’ont convaincu. Quelque chose jaillissait du monde pour me débaucher, toujours. Je savais que je traînais un peu de ma répugnance derrière moi en montant dans le train, j’en avais toujours un peu avec, ça me rendait ce monde plus digeste. J’aurais préféré le voir en photographies, ce mariage, plutôt que de traverser l’Europe avec ma valise et mes envies de marche arrière.

Lire la suite

Il ne portait pas de chandail – Annick Walachniewicz 

Tobiasz pleure à l’envers. Remplit ses poches à chagrin bien profond dans le corps.

Les premiers mots

Le soleil d’automne goutte dans la rue poussiéreuse. le couple se tient devant une porte couleur olive. Elle, petite et ronde, s’appelle Dora. Son compagnon, Hans, a des allures d’échalas mou, le dos courbé vers sa femme qui fait la moitié de sa taille. Ils sonnent. Je les fais entrer. Ma maison semble froide, inhospitalière. Assise sur le canapé, Dora sirote un café noir.
– De qui te sentais-tu le plus proche, ton père ou ta mère?

Lire la suite