D’un trait de fusain – Cathy Ytak

Mais est-ce qu’on peut, une seule fois dans sa vie, revenir en arrière?

Les premiers mots

Le fond de l’estrade est tapissé de noir. Encadré d’un côté par un radiateur à roulettes peint de couleur sombre, et de l’autre par un mince couloir de toile faisant office de loge ou de coulisse.La femme s’y est glissée, le temps de s’y déshabiller à l’abri des regards.

Quatre amis aux caractères si différents et pourtant complémentaires.
Mary qui décompte les jours jusqu’à sa majorité,qui se cache derrière des vêtements trop larges et qui ne s’aime pas. Monelle qui a l’insouciance des jeunes adultes bien dans leur corps et leur cœur. Julien le marrant, le tombeur . Sami, le garçon qui voit le monde en couleur. Ces quatre amis sont lycéens et en option art. Leurs cours de dessins sont rythmés par de séances de portraits avec des gens venus poser pour eux. Celui qui marquera cette année est un jeune homme blond, beau et séduisant, Joos. Débute alors une amitié toute particulière entre ce modèle et ces quatre étudiants.

Leur insouciance et leur volonté de liberté sera contrecarrée par le poison qui arrive en Europe, le sida. Le meurtrier silencieux et honteux. Malgré eux, Mary, Monelle, Julien, Sami et Joos seront au centre de ce drame.

Mais sérieusement, quand on a dix-sept ou dix-huit ans, ça veut dire quoi, mourir, si on n’a rien vécu?

Si je comptabilise le nombre d’heures de lecture pour ce livre, je dois être à +/- 3 heures.
Trois heures où j’ai suivi de façon fébrile l’histoire de ces jeunes adultes en proie à la vie, à l’amour, à la passion, à la mort, à la liberté…

Sous la plume de Cathy Ytak, les personnages prennent vie et nous embarquent dans cette cause parfois perdue d’avance mais à laquelle il faut s’accrocher pour ne pas sombrer.

Mary et Sami ont une force qui bouleverse et secoue. Comme d’ailleurs ceux qui sont sortis dans les rues et qui ont manifesté, qui ont pris d’assaut les trottoirs parisiens, qui ont scandé des paroles chocs, qui ont amené les die-in d’Amérique pour se faire entendre. … C’est tout un pan de l’arrivée de la maladie que l’auteure nous décrit avec précision et justesse.

Ce livre vient compléter à merveille le coup de cœur que j’avais eu pour N’essuie jamais de larmes sans gants. Celui de Cathy Ytak est plus « jeunesse » mais tout aussi fort.

Et pour enchaîner cette lecture, j’ai enfin visionné le vibrant « 120 battements par minute » de Robin Campillo qui relate les débuts d’Act Up et les destins de ces jeunes activistes. Un film touchant et magnifique.

Encore une fois j’ai suivi les yeux fermés les recommandations de Jérôme, Moka et Noukette et encore une fois comme eux je les rejoins sur cette pépite indispensable.

Cathy Ytak sur le blog

– D’un trait de fusain de Cathy Ytak, Editions Talents Hauts, Collection Les Héroïques, 2017, 256 pages –

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