Le Presbytère– Ariane Monnier

Je me soucie de votre âme.

Les premiers mots

Aux dernières nouvelles, il a rencontré quelqu’un. Il semble qu’il a fait sa connaissance déjà, quelques années auparavant, quand il accueillait des groupes pour naviguer sur les côtes. Elle était présente avec son mari peut-être à ce moment-là et sans doute il s’est bien entendu avec elle. Clément a revu cette femme et il a décidé de s’installer dans la ville où elle habite. Elle est employée à la mairie.

Dans le presbytère, règne une ambiance froide et glaciale. Le patriarche règne en maître absolu sur sa femme, Sonia et sur les quatre enfants. Les principes de Balthazar sont simples : pas de jeux, pas de distractions futiles. Ce qui est permis est la musique  classique et la pratique d’un instrument, tout en rigueur et en contrôle. La vie est ainsi faite. Les enfants recevront ainsi la meilleure des éducations, ce que l’école ne peut pas leur apporter.
Quand le couple accueille un jeune garçon, Tanguy, l’âme de la maison prend une autre tournure. Sonia est chargée de l’instruire.

Tanguy veille sur les jeunes enfants pendant que Sonia essaie de trouver des occupations et que Balthazar consulte ses patients. La tension, les coups et le harcèlement psychologique atteignent un à un chaque membre de la famille.

Il n’y a pas de radio au presbytère. La radio fait partie, comme la télévision, les jouets en plastique, des objets de la technique et de la consommation inepte, de l’ère du vide, que Balthazar repousse à l’extérieur, dont il ne pourrait tolérer la présence. Sonia est d’accord. Pour des raisons semblables. Pour que les enfants ne s’enferment pas, à ne plus vouloir jouer, à ne plus vouloir imaginer.

Ce huis-clos étouffant m’a très vite mis mal à l’aise car les premières pages sont imprégnées d’une atmosphère pesante à la limite du supportable. Balthazar est atroce tandis que Sonia laisse faire et se réfugie dans un monde théâtral et irréel. Les enfants sont livrés à eux-mêmes et le monstre du Presbytère inonde la maison de sa cruauté.

C’est avec une écriture qui m’a tout d’abord déroutée puis fascinée, que j’ai suivi cette descente en enfer. Utilisant des métaphores et des constructions de phrases assez particulières, l’autrice nous embarque dans une lecture âpre et onirique. Si j’ai rapidement senti qu’il y avait quelque chose de grave qui était sous-entendu,  je me suis rendu compte que la suite du roman allait encore me réserver d’atroces révélations.

Balthazar aimait de temps à autre faire cela, leur annoncer quelque chose qui allait profondément les réjouir et au dernier moment briser cet élan de joie.

Je n’aurais pas parié un centime sur le début du roman car Ariane Monnier distille les informations de façon très subtiles, la lecture a aussi été difficile et cela m’a un peu gênée. Mais ce roman m’a offert un véritable coup au coeur.  J’aurais comme une envie de le relire pour pouvoir déchiffrer les mots entre les lignes et toucher du doigt les terribles insinuations…

– Le Presbytère d’Ariane Monnier, Editions J.-C. Lattès, 2017, 272 pages – 

 

28 réflexions sur “Le Presbytère– Ariane Monnier

  1. flyingelectra dit :

    Je savais que Marie-Claude allait se jeter dessus !! je la connais trop bien.. j’ai entendu parler de ce livre et de la noirceur du père .. horreur ! je suis déjà en bonne compagnie avec Maupassant, je passe mon tour !

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