La terre des fils– Gipi

Depuis quand tu n’as plus confiance en personne?
Un moment. C’est pour ça que je suis encore en vie.

Sur les causes
et les motifs
qui menèrent
à la fin
on aurait pu écrire
des chapitres entiers
dans les livres
d’histoire.

Mais après la fin
aucun livre
ne fut plus écrit.

On ne sait pas ce qui est arrivé à la Terre. Elle semble déserte et dénuée d’humanité. Et pourtant, quelques rescapés tentent d’y survivre. Entre la chasse et la pêche, un père et ses deux fils voient leurs vies s’écouler.  Pas de noms pour les nommer, ces deux adolescents parlent un langage dénué de tout. Le père n’a pas daigné à leur enseigner ni la langue, ni la lecture. À quoi cela servirait… Il leur apprend plutôt à se défendre, à traquer les bêtes et à rester en vie.

– On fait quoi avec les morts ?!
– On les mange pas. On les touche pas. On les jette dans le lac. Que le lac se les emporte.

Et pourtant ce père bourru, violent, qui interdit aux enfants d’utiliser le terme « aimer » cache un secret. Il écrit dans un cahier. Ses fils l’ont découvert mais il refuse de dévoiler les lignes patiemment écrites. Quand le père meurt de ce qu’on comprend être un malaise cardiaque, le plus futé des fils aura à cœur de connaître ce qui est écrit dans ce cahier noir. Mais où trouver des lecteurs parmi les rescapés devenus sauvages? La question se pose: Rester dans leur vieille maison ou partir à la rencontre des autres, quitte à risquer leurs vies? Décidés à braver les dangers, les deux frères partent sans retour en arrière. 

Vous savez lire vous?

En un mot: captivée. Captivée par ces deux fils analphabètes et leur père au cœur dur. Captivée par ce monde fichu et détruit. Captivée par ces survivants dont les instincts primaires rejaillissent pour survivre. 

Gipi offre une oeuvre sensible et violente. Elle m’a totalement envoûtée par la force de ses traits et ses personnages hors-normes. J’ai parcouru les paysages dévastés en espérant que ces deux frères pourraient trouver de l’aide et non être confrontés à la bêtise et la barbarie des Hommes. 

Ce roman graphique arrive à tirer sa beauté de simples choses. Le vocabulaire utilisé est des plus basiques, des erreurs de syntaxe qui donnent à penser que le monde n’est plus, une fois le langage perdu, il ne reste rien. 

Je dois énoncer que la fin m’a déconcertée, à nous de nous faire nos propres interprétations.

N.B: J’ai eu l’occasion, pendant les vacances d’été, de visiter l’exposition temporaire qui lui était dédiée (ainsi qu’à Zidrou) au centre belge de la bande dessinée. Des planches sublimes et des histoires derrières les dessins, un vrai bonheur pour les amateurs de bulles. 

– La Terre des fils de Gipi, Editions Futuropolis, 2017, 288 pages – 

Cette semaine, c’est Stephie qui accueille les amoureux des bulles!

36 réflexions sur “La terre des fils– Gipi

  1. lasardine29 dit :

    je suis assez fascinée par ce que fait GIPI, merci pour ce billet je ne connaissais pas encore ce titre et voilà que j’en ai très très envie!! je viens de vérifier il est à la biblio! je vais rapidement me le procurer!

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  2. Mo' dit :

    Comme Maël, je crois que je vais passer à la lecture bientôt. Il est dans ma PAL, je n’ai donc pas très loin à aller 🙂 Merci pour ta chronique, c’est un petit coup de pouce pour me rapprocher de ce titre 🙂

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