La tristesse des anges– Jón Kalman Stefánsson

La poésie vous tue, elle vous donne des ailes, vous les agitez un peu et sentez l’enchantement vous envahir.

Les premiers mots

Maintenant, il ferait bon de dormir jusqu’à ce que les rêves deviennent un ciel, un ciel calme et sans vents où quelques plumes d’anges virevoltent doucement, où il n’y a rien que la félicité de celui qui vit dans l’ignorance de soi. Mais le sommeil fuit les défunts. Lorsque nous fermons nos yeux fixes, ce sont les souvenirs qui nous sollicitent à sa place.

Souvenez-vous, nous avions quitté le Gamin dans un périple hivernal. En plein deuil de son ami Bárður, il traverse les plaines et les montagnes pour rendre un livre de poésie. Arrivé dans une auberge, il y trouve de l’affection, de la tendresse, de la chaleur humaine comme il n’en avait pas connu depuis longtemps.
Ce deuxième tome commence par l’arrivée d’un postier, Jens, dans l’auberge. Le Gamin y est depuis trois semaines, il a repris des forces et se sent plus confiant dans l’avenir, les doutes qu’il avait eus auparavant sont oubliés. Helga, une des tenancières de l’auberge, l’a accueilli et lui propose même de l’instruire. Le Gamin, amoureux des livres et surtout des mots, ne peut refuser. Cependant, avant de commencer cette instruction, le postier a besoin de lui pour traverser les montagnes et surtout la mer. Seul l’adolescent est capable de dompter les vagues. C’est encore un nouveau périple auquel il va devoir faire face. Pendant la traversée, les deux hommes devront vaincre la neige, le froid, la soif et surtout se supporter. Ils seront aidés par des personnes dans les refuges, heureusement, car en cette période de printemps glacial, l’Islande ne pardonne pas.

La magie a encore opéré et bien plus encore avec ce deuxième volet. J’ai dégusté chaque page, chaque mot et j’ai ressenti des frissons quand je fermais le livre en me demandant ce qui allait advenir du Gamin et de Jens, seuls dans les montagnes. Dans le tome précédent, j’avais regretté quelques passages où je m’étais sentie perdue. Ici, rien de tout cela, l’histoire est plus claire. La force de ce roman est de nous inviter dans les pas des deux aventuriers, en pleine tempête de neige et réussir à nous captiver, sans une répétition, sans ennui. Tout est juste, pas une phrase ni un mot en trop. Au risque de me répéter, cette poésie m’enchante et me transporte. Les personnages sont justes et le Gamin m’a totalement séduite. Dans ce tome, il découvre l’amour, le désir et les mots employés par l’auteur sont tout simplement magnifiques.

Il ne savait pas qu’on pouvait arrêter la Terre en regardant une unique mèche de cheveux posée sur une joue pâle.

Pour avoir été en Islande en été, je connais les paysages de plaines et de glaces mais ici, Stefansson nous montre un aspect dangereux et hypnotisant. 

Celui qui traverse ces landes par une belle journée d’été ensoleillée peut être saisi du sentiment qu’il a atteint les terres de l’éternité.

Si un jour je devais choisir un seul livre pour aller sur une île déserte (sait-on jamais…), ce serait bien celui-ci. Pour le relire encore et encore et découvrir toutes les facettes qu’il propose.

Le troisième tome « Le coeur de l’homme«  m’attend, ainsi que le dyptique  » D’ailleurs les poissons n’ont pas de pieds » et « À la mesure de l’univers » (mais ceux-ci je les tiens au chaud pour cet hiver).

Le beau billet de Jérôme qui m’a convaincue de sortir (ENFIN) ces livres de ma bibliothèque. Merci 😉

– La tristesse des anges de Jón Kalman Stefánsson, Editions Gallimard, 2011, 378 pages – 

 

27 réflexions sur “La tristesse des anges– Jón Kalman Stefánsson

  1. flyingelectra dit :

    Je n’ai pas accroché à son roman « D’ailleurs les poissons n’ont pas de pieds » le style trop lyrique m’avait décontenancé. Mais c’est intéressant de lire tes billets et tes coups de coeur !

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  2. celina dit :

    Que c’est beau ! « Il ne savait pas qu’on pouvait arrêter la Terre en regardant une unique mèche de cheveux posée sur une joue pâle ». Comment résister…
    Il faut que je poursuive cette trilogie, je n’ai lu que le premier.
    Merci beaucoup pour tes billets.
    Quelle chance que tu sois allée en Islande ! J’aimerais bien…

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