Marcher droit, tourner en rond-Emmanuel Venet 

Au fond je n’aime pas les cérémonies des funérailles parce que leurs tissus de mensonges me ramènent à la vraie vie.

Les premiers mots

Je ne comprendrai jamais pourquoi, lors des cérémonies de funérailles, on essaie de nous faire croire qu’il y a une vie après la mort et que le défunt n’avait, de son vivant, que des qualités. Si un dieu de miséricorde existait, on se demande bien au nom de quel caprice il nous ferait patienter plusieurs décennies dans cette vallée de larmes avant de nous octroyer la vie éternelle; et si les humains se conduisaient aussi vertueusement qu’on le dit après coup, l’humanité ne connaîtrait ni les guerres ni les injustices qui déchirent les âmes sensibles.

J’avoue, j’ai bien failli abandonner le bouquin après une dizaine de pages. J’ai finalement continué et j’ai bien fait! Les raisons pour lesquelles il ne me plaisait pas ont été celles qui ont fait que je l’ai aimé. Étrange non? Ce qui m’a rebuté était le flux d’informations que le narrateur nous envoie. Alors qu’il vient d’enterrer sa grand-mère, il commence à expliquer l’histoire familiale où chacun est clairement décrit comme au choix fainéant, mauvais, égoïste, con, et j’en passe. Beau tableau de famille! Alors oui, au début, il m’a été difficile de me raccrocher aux différents personnages et surtout à la manière dont le personnage principal évoque sa famille. Quand on se met à sa place, c’est-à-dire un homme atteint du syndrome d’Asperger, on peut alors comprendre son raisonnement et le trouver tout à fait fascinant

Compte-tenu de ce passé, présenter ma grand-mère Marguerite comme une femme sensible m’abasourdit. Non seulement elle a observé la noyade de mon grand-père Adrien sans lui tendre la moindre perche , mais je sais qu’elle est capable de se réjouir avec impudence du malheur d’autrui

Le récit se compose d’un seul et unique chapitre. Un monologue du début à la fin qui traverse les différentes péripéties de sa famille et on se régale. Il me semble que chacun peut y retrouver un oncle ou une tante, voire une mère ou un père, qui aurait une des caractéristiques décrites. Il y analyse les faits et gestes des siens tout en donnant son avis tranché et indiscutable. Il parle aussi de lui, de ses passions qui ne sont comprises par personne et de son amour à sens unique.
C’est un humour vache et sans concession. C’est aussi un récit qu’il faudrait lire d’une traite, sans  pause, pour ne pas se sentir perdu parmi les prénoms des uns et des autres.

Je remercie Marie-Claude et son billet tentateur! Il est fort possible que je relise un jour cet Ovni littéraire!

– Marcher droit, tourner en rond d’Emmanuel Venet, Éditions Verdier, 2016, 128 pages – 

16 réflexions sur “Marcher droit, tourner en rond-Emmanuel Venet 

  1. Laeti dit :

    Je me répète mais j’adore ta photo! c’est vraiment bien trouvé. Et j’ai compris pq tu mettais en scène un scrabble en lisant le billet de Marie-Claude. Franchement, j’aurais passé mon chemin si vos billets n’avaient pas été aussi convaincants. Donc c’est un « pourquoi pas » :p

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