On sait que pour nos mères un pas plus loin, c’est le vide et la mort.
Les premiers mots
Elles nous demandent où nous vivons.
Tout haut, nous ne répondons rien.
Tout bas, nous répondons dans le plus grand et le plus beau lieu entouré de biefs, d’osselets, de cascades d’eau chaude et de fines pluies qui ne souillent pas. Sur une terre blanche. Dans un village de petite taille et de petite montagne que nous n’allons jamais quitter, dit-on.
Troisième lecture du Mois belge!
C’est grâce à Laeti que j’ai découvert ce roman. Elle était convaincue qu’il me plairait à coup sûr et je dois dire qu’elle commence à me connaitre (Merci à toi pour ce prêt! 😉 ) Je vous laisse son beau billet .
Aimons-nous et soyons pour les autres des phares et des lumières. Remparts contre la mort.
Nos mères racontent la destinée de Jean. Il habite en Syrie, son père est décédé et il vit avec sa mère et son grand-père. Les temps sont durs, la famine sévit et le désespoir recouvre la maison. Pour s’isoler, pour ne pas chavirer comme sa mère, Jean s’invente une autre vie, des « mères », des amis, des aventures incroyables. Son imaginaire le sauve. Il ne peut pas compter sur le soutien de la mère car celle-ci a sombré depuis la mort de son mari. Pour sauver son fils, de cette guerre et peut-être d’elle-même, elle l’envoie dans un pays qu’il ne connait pas. Là-bas Jean est adopté par Sophie qui n’a pas d’enfants et qui a un fort désir maternel. Ce sera difficile, pour l’un comme pour l’autre. Comment s’apprivoiser quand le passé est aussi présent dans leurs vies?
Divisé en trois chapitres bien distincts, Nos mères nous emmène dans un monde de poésie tragique et douloureusement belle. « Parler de tout et de n’importe quoi » s’attache à planter le décor. On ne sait pas ce qui est vrai, ce qui est inventé par Jean. J’avoue avoir été déroutée mais une fois passée les premières pages, je me suis laissé bercer par les mots d’Antoine Wauters. Dans ce chapitre, j’ai ressenti toute la douleur de la mère et son désarroi pour continuer à vivre malgré la perte de l’être aimé. La survie de Jean passera par la séparation d’avec sa mère.
Elles nous aiment et elles nous détestent, voudraient avoir un visage de joie mais ont leurs traits sculptés dans la détresse.
La deuxième partie intitulée « Tout ce que j’ai écrit » se situe chez Sophie. Jean essaie de prendre ses marques avec cette femme qui est à l’opposé des mères de son pays d’origine. Sophie doit encore panser ses cicatrices de son passé.
« Un souvenir de mon père, avais-tu dit‘ s’intéresse à l’enfance de Sophie. L’auteur boucle le roman de façon intelligente. Il laisse en suspens l’avenir de Jean et de sa nouvelle mère. Toujours en poésie et en délicatesse.
Comme un long chant, Antoine Wauters nous offre un ouvrage poétique. Je vous invite à découvrir ce beau talent belge.
Les fils comme des témoins. Et les mères en retour comme des fables, des légendes magnifiques qui, par les mots qu’elles nous disent, nous font vivre près d’elles. Comme si nous ne faisions qu’un.
– Nos mères d’Antoine Wauters, Editions Verdier, 2013, 144 pages –
Je crois bien que c’était ma toute première lecture du tout premier mois belge. Quelle lecture, quel texte magnifique !
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Oui, je ne l’oublierai pas.
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Décidément, je dois m’attarder davantage au catalogue Verdier! Ce roman me tente pour l’intrigue. Moins pour le style hyper poétique. À suivre…
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C’est de cette collection que vient le livre « humoristique » que tu avais apprécié, il me semble. Il n’y a que le premier chapitre qui est vraiment poétique.
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Beaucoup aimé aussi !
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Je comprends!
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Quel beau billet! Je suis heureuse que tu l’aies autant aimé! Il a une superbe écriture, c’est dommage qu’il n’ait rien écrit d’autre depuis 😦
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Oui! Dommage! Par contre il a écrit un genre de recueil sur Sylvia Plath je vais me renseigner!
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On ressent bien la langue poétique de Wauters dans les extraits que tu cites. Tu me donnes très envie de le découvrir comme romancier !
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Merci! Bonne découverte à toi!
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un auteur belge pour un roman qui commence en Syrie .. je suis juste curieuse : un enfant syrien prénommé Jean ?
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J’ai été relire le début du bouquin et rien n’indique que c’est un pseudo ou le prénom donné par sa mère d’adoption…Désolée je ne sais pas t’en dire plus!
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Ah merci ! Je trouve ça juste étrange 😊
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Je trouvais aussi au début et puis la lecture du roman se poursuivant j’ai oublié ce détail pour me laisser bercer 😉
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Tant mieux !
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En fait, on ne sait pas si c’est la Syrie, mais on devine un pays du Moyen-Orient avec les descriptions. Et comme c’est un pays en guerre.. ou l’Irak? Mais pour Jean, j’imagine que c’est son prénom! Pas bête comme remarque ceci étant 😉
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Damas est décrite dans une des pages du livre, ça m’avait marqué.
Pour le prénom, c’est sûr que c’est interpellant!
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Depuis le temps que ce livre est dans ma PAL, tu as réussi à le faire passer en tête de liste ! En plus, j’ignorais que A. Wauters était belge !
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Mais oui, il faut le sortir de là ! Tu me diras ce que tu en as pensé!
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Une écriture qui me plairait, merci pour cette belle découverte!
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Je crois en effet que c’est le genre qui pourrait te plaire.
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J’ai découvert cet auteur l’année dernière grâce au mois belge justement. J’ai vraiment beaucoup aimé Césarine de nuit, le style de l’auteur est vraiment très particulier. Très poétique évidemment, mais il arrive aussi à dire des choses très dures avec une très grande douceur.
J’en parlais ici : https://synchroniciteetserendipite.wordpress.com/2016/04/16/cesarine-de-nuit-antoine-wauters/ 😉
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Merci pour ton lien!
Je ne m’arrêterai pas à ce titre en tout cas, comme je te l’ai mis sur ton blog « Sylvia » me tente également !
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Ce serait bien de programmer une lecture commune pour le prochain mois belge autour de ce titre ou de cet auteur, non ?
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Oh oui! J’ai vu que tu avais proposé cette idée à Anne !
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