Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur – Harper Lee

Jem me contrariait parfois au point de me donner des envies de meurtres mais, au fond, il était tout ce que j’avais.

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Les premiers mots

Mon frère Jem allait sur ses treize ans quand il se fit une vilaine fracture au coude mais, aussitôt sa blessure cicatrisée et apaisées ses craintes de ne jamais pouvoir jouer au football, il ne s’en préoccupa plus guère. Son bras gauche en resta un peu plus court que le droit; quand il se tenait debout ou qu’il marchait, le dos de sa main formait un angle droit avec son corps, le pouce parallèle à la cuisse. Cependant, il s’en moquait, du moment qu’il pouvait faire une passe et renvoyer le ballon.

Dans une petite ville de l’Alabama des années 30. La petite Scout et son frère aîné Jem font les 400 coups sous les yeux attendris de leur père, Atticus, qui les élève seul depuis la mort de leur mère. La vie suit son cours, tranquillement, paisiblement. Les deux enfants sont curieux et aiment relever des défis comme aller toucher la porte de la maison du voisin que l’on n’a plus vu sortir depuis des années. Scout accède à l’école primaire mais elle s’ennuie rapidement car elle a déjà appris à lire. Elle se fait vite remarquer par son franc parler et sa spontanéité.
Un jour, le père doit défendre un noir accusé de viol sur une femme blanche. Avec son regard enfantin, elle assiste aux conséquences qui vont découler de cette sordide affaire. 

Le résumé est succinct car je crois être la dernière personne sur terre qui n’avait pas encore lu ce livre!

Je ne vous cacherai pas que j’ai eu quelques difficultés à écrire ce billet. Dans un premier temps, j’étais très positive sur ce roman. Je l’ai trouvé touchant et positif. J’ai aimé le regard enfantin que Scout posait sur la situation. Un peu en dehors et pourtant assez mature pour comprendre les enjeux.
Scout est la petite fille que j’aurais aimé être : un peu casse-cou, téméraire et qui a une relation toute privilégiée avec son frère.

Et que dire d’Atticus ? Existe-t‘il un homme qui recense autant de qualités humaines et qui les lègue à ses enfants? La relation qu’il entretient avec Jem et Scout est emplie de confiance. Il les laisse faire leurs propres expériences et tant pis pour eux s’ils se cassent les dents. Cette façon de les éduquer ne plait pas aux autres membres de la petite ville mais il n’en a cure.  Il leur distille des précieux conseils bienveillants qui leur permettront d’appréhender les autres avec tolérance.

– D’abord, Scout, un petit truc pour que tout se passe mieux entre les autres, quels qu’ils soient et toi: tu ne comprendras jamais aucune personne tant que tu n’envisageras pas la situation de son point de vue…
-Pardon.
– … tant que tu ne te glisseras pas dans sa peau et que tu n’essaieras pas de te mettre à sa place.

Et pourtant quelques jours après cette lecture, je suis revenue sur des points négatifs. J’ai tout d’abord trouvé la première partie assez longue, la mise en place des relations avec Atticus et les autres membres du Comté m’a un peu ennuyée. Même si je comprends qu’il fallait installer une certaine atmosphère, quelques pages en moins auraient allégé le récit.
Je regrette que l’histoire n’ait pas mis plus en avant les violences faites aux personnes noires. C’est expliqué mais de façon soft. En sachant que le roman a été écrit dans les années 60, j’en attendais un peu plus.  

C’est donc une lecture en demi-teinte. J’ai apprécié le fond et les messages de tolérance mais j’ai souffert de la forme.

N.B: l’auteure est décédée en 2016.

– Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur de Harper Lee, Editions de Fallois, 2005 (pour la traduction française),  347 pages – 

33 réflexions sur “Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur – Harper Lee

  1. Marie-Claude dit :

    Oh! Il est beau et bien senti, ce billet.
    Je me souviens de l’avoir beaucoup apprécié. Toutefois, je l’avais en gardant en tête qu’il s’agissait d’un classique et qu’il fallait le lire avec «les yeux de l’époque». Il est fort à parier qu’il n’aurait pas le même succès-impact s’il était publié aujourd’hui.
    J’étais sous le charme de Scout, mais c’était avant d’avoir découvert la pétillante Mick (« Le coeur est un chasseur solitaire » de Carson McCullers).
    Et pour « Va et poste une sentinelle », ce fut un abandon… Le charme n’a pas du tout opéré. Tu comptes le lire?

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  2. flyingelectra dit :

    Je dois le relire ! je l’ai étudié en anglais, moi j’avais vraiment aimé car il dénonçait certains faits de manière intelligente à une époque où ce sujet était très délicat. forcément aujourd’hui avec le recul, quoique … j’ai vu hier soir dans une série le racisme « moderne » pourtant chez les élites …
    Je n’ai pas lu la suite (pourtant acheté à Oxford) car Marie-Claude avait été déçue et Atticus devient raciste … la vieillesse ? bizarre

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  3. Maned Wolf dit :

    J’aime énormément ce livre 🙂 Je pense que le côté soft vient principalement du regard d’enfant de la narratrice, mais comme dans « Le garçon au pyjama rayé » ce sont les sous-entendus que nous comprenons et que Scout ne saisit pas forcément qui traduisent la violence de l’époque, je trouve ça plus habile que de la décrire froidement 🙂

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  4. AMBROISIE dit :

    Je ne pense pas qu’il aurait pu expliquer un peu plus les violences ségrégationnistes de l’époque car tout le livre se passe dans les yeux d’une petite fille, du coup je trouve ça encore plus touchant, car elle comprend et en même temps il y a des choses qui lui échappent. Les éléments sont suggérés et pour ma part je les ai pris de plein de fouet, j’ai été émue par cette enfant, par la tendresse de ce père et du coup ça me rappelle un film merveilleux Broken (qui, j’en suis sûre s’inspire totalement de ce livre !)

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  5. maudapl dit :

    Je l’ai lu pour la première il y a deux mois et je reste, comme toi, très mitigée sur ma lecture ! On en fait tout un chef d’oeuvre, un classique incontournable ! J’ai été très déçue, à me demander « tout ça pour ça » ?

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  6. Nad dit :

    Je n’oublierai jamais ce roman, ni même le film si beau.
    Je comprends tes bémols, il y a très longtemps que je l’ai lu (ou vu) mais j’aurais sans doute aussi espéré en lire davantage sur les années de ségrégation et de violences faites aux personnes noires. Il faut en parler, ne jamais oublier.
    Le tome 2 par contre m’a profondément déçue…
    Bonne journée

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  7. maghily dit :

    Je suis assez d’accord avec toi sur la longueur de la première partie : d’ailleurs, je crois que j’ai mis plus d’une semaine à la lire, contre 3 jours pour la seconde ! Une fois qu’on arrive au procès, difficile de le lâcher ! 🙂

    Par contre, pour ce qui est des violences, je rejoint le point de vue d’Ambroisie.

    Et comme toi, je ne suis pas spécialement tentée par la suite.

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