Station Eleven – Emily St. John Mandel

– Sommes-nous censés croire que la civilisation a pris fin d’un seul coup?
– Ma foi, elle a toujours été un peu fragile, vous ne trouvez pas?

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Les premiers mots

Le roi se tenait, à la dérive, dans une flaque de lumière bleue. C’était l’acte IV du Roi Lear, un soir d’hiver à Elgin Theatre de Toronto. En début de soirée, pendant que les spectateurs entraient dans la salle, trois fillettes – version enfantines des filles de Lear – avaient joué à se taper dans les mains sur le plateau, et elles revenaient maintenant sous forme d’hallucinations dans la scène de la folie. Le roi titubant essayait de les attraper tandis qu’elles gambadaient çà et là dans les ombres. Il s’appelait Arthur Leander et avait cinquante et un ans. Des fleurs ornaient ses cheveux.


Imaginez le noir, le silence, l’instinct de survie aiguisé.
Imaginez la perte de vos amis, de vos amours suite à une grippe.

Mais imaginez maintenant, des caravanes qui défilent dans ce silence, dont une avec cette inscription  » Survivre ne suffit pas ».
Imaginez des chevaux, des musiciens, des artistes:  La Symphonie Itinérante.

Imaginez ces gens comme une seconde famille à qui vous devez votre survie

Le décor est planté.

« Station Eleven » m’a permis d’imaginer la fin du monde et son renouveau sans frayeur mais avec confiance dans l’humain et dans ce qu’il est capable d’entreprendre pour survivre. On ne parle pas de meurtres ni de pillages mais d’espoir et de résilience.
Ceux qui ont connu l’Ancien Monde se souviennent et gardent des objets en mémoire du passé et ceux qui sont nés après le chaos essaient de comprendre ce que ce monde a pu être. 

 Si l’enfer c’est les autres, que dire d’un monde il n’y a presque plus personne? Peut-être l’humanité s’éteindrait-elle bientôt, mais Kirsten trouvait cette pensée plus apaisante que triste. Tant d’espèces étaient apparues sur la Terre et avaient disparu par la suite; quelle importante, une de plus? D’ailleurs, combien d’humains restait-il aujourd’hui?

J’avoue que ce roman ne m’attirait pas du tout, j’avais quelques appréhensions à être plongée dans un monde post-apocalyptique et j’avais des réticences sur ce genre de récit. Mais voilà, vous le savez, il n’y a que les imbéciles qui…Et puis le billet de Noukette est arrivé! Et hop, il a fini sur la liste du Père Noël.

Et il s’est transformé en lecture commune avec Laure du blog Folavril, je vous laisse découvrir sa chronique, iciJe suis heureuse d’avoir partagé cette lecture avec elle qui, comme moi, n’était pas friande de ce genre d’histoire. 

J’ai aimé ces voyages entre la vie d’avant et la vie d’après. L’auteure amène des personnages si différents les uns des autres, avec leur passé. Elle a réussi à me captiver avec de simples faits tout en étant décrits d’une façon captivante. Les personnages qui ont survécu acceptent leur sort et on assiste avec eux à leur renaissance. 

Mais ce qui rendait la situation supportable, c’était les amitiés, bien sûr, la camaraderie, la musique et Shakespeare, ces moments de beauté et de joie transcendantes où on se moquait de savoir qui avait utilisé le restant de colophane pour frotter son archet ou qui avait couché avec qui.

Même si j’ai beaucoup apprécié cette lecture, elle n’a pas été le coup de foudre que j’attendais. J’ai manqué d’émotion dans l’écriture et de petits frissons. Il reste aussi quelques points en suspens à propos d’un personnage sur lequel j’aurais voulu avoir plus de précision. Néanmoins, je suis heureuse d’être sortie de ma petite zone de confort pour me confronter à ce genre de littérature. 

À ceux qui hésiteraient encore, foncez, il n’y a ni zombies, ni folies cannibales, ni vaisseau spatial ( 😉 ). Il y a de l’amour, de l’art et beaucoup d’espoir.

Billets de Marie-Claude, Electra, Eva.

– Station Eleven d’Emily St. John Mandel, Éditions Rivages, 2016, 477 pages – 

19 réflexions sur “Station Eleven – Emily St. John Mandel

  1. Laeti dit :

    Même si toutes les lectrices que je suis sont ultra positives sur ce roman, il me manque un petit quelque chose pr me lancer… Et puis il y a tellement de bouquins qui m’attendent ici avant! Mais je suis ravie que tu aies apprécié ce roman, qui n’est pas ton style à la base! c’est bien de sortir de ses zones de confort de temps en temps!

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  2. Marie-Claude dit :

    Je suis ravie que tu aies osé plonger. Ça n’a pas fait mal et ça valait le détour, non?
    Presque coup de coeur pour moi aussi. Il me manquait juste un petit quelque chose, comme toi.
    Contrairement à toi, j’aime beaucoup le genre, mais sans les zombies, vampires et autres bêtes poilues.
    Ce roman restera dans ma mémoire pour son côté lumineux.

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  3. Electra dit :

    Ravie de voir que, comme moi, tu es sortie de ta zone de confort ! Je ne suis pas du tout branchée fin du monde – étant optimiste, je trouve ces fictions tristounettes or ici comme tu le dis si bien, l’humain n’est pas si méchant et l’humanité peut aussi montrer ce qu’elle a de plus beau. Je l’ai trouvé lumineux .. bon depuis, je suis retournée dans ma zone de confort, hein !

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  4. celina dit :

    Toujours pas lu…j’aurais dû le noter dans ma liste pour le Père Noël moi aussi 🙂
    Ta chronique donne envie de le lire, avec la lumière et l’humain qui se dégagent de ce livre.
    Dommage que ce ne fut pas un coup de foudre ; je le tenterai quand même, il m’attire beaucoup, merci !

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