Dans le jardin de l’Ogre – Leila Slimani

À l’instant même où il l’a embrassée, elle a su qu’elle s’était trompée. Il ne saurait pas la remplir. Elle aurait dû s’enfuir.

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Les premiers mots

Une semaine qu’elle tient. Une semaine qu’elle n’a pas cédé. Adèle a été sage. En quatre jours, elle a couru trente-deux kilomètres. Elle est allée de Pigalle aux Champs-Elysées, du musée d’Orsay à Bercy. Elle a couru le matin sur les quais déserts. La nuit, sur le boulevard Rochechouart et la place de Clichy. Elle n’a pas bu d’alcool et elle s’est couchée tôt. 
Mais cette nuit, elle en a rêvé et n’a pas pu se rendormir. Un rêve moite et interminable, qui s’est introduit en elle comme un souffle d’air chaud.

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Dites au loups que je suis chez moi – Carol Rifka Brunt

Ce sont les gens les plus malheureux qui veulent vivre éternellement parce qu’ils considèrent qu’ils n’ont pas fait tout ce qu’ils voulaient. Ils pensent qu’ils n’ont pas eu assez de temps. Ils ont impression d’avoir été arnaqués.

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Les premiers mots

Cet après-midi-là, ma sœur Greta et moi étions chez notre oncle Finn pour qu’il fasse notre portrait, parce qu’il savait qu’il allait bientôt mourir. C’était après avoir compris que je n’emménagerais pas dans son appartement quand je serais grande et que je n’habiterais pas avec lui le reste de ma vie. Après avoir arrêté de croire que ce sida machin chose n’était qu’une sorte de grand malentendu.

Un thème peut en cacher un autre. Un tout aussi précieux et délicat. L’amour entre deux sœurs. June et Greta.  Lire la suite

Sukkwan Island – David Vann

Il avait l’impression qu’il était seulement en train d’essayer de survivre au rêve de son père.

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Les premiers mots

On avait une Morris Mini, avec ta maman. C’était une voiture minuscule comme un wagonnet de montagnes russes et un des essuie-glaces était bousillé, alors je passais tout le temps mon bras par la fenêtre pour l’actionner. Ta maman était folle des champs de moutarde à l’époque, elle voulait toujours qu’on y passe quand il faisait beau, autour de Davis. Il y avait plus de champs alors, moins de gens. C’était le cas partout dans le monde. Ainsi commence ton éducation à domicile.

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Les filles de l’ouragan – Joyce Maynard

Ça fait drôle de grandir dans une famille où il semble que ce serait plutôt aux adultes de grandir.

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Les premiers mots

Mon père me disait que j’étais un bébé de l’ouragan. Cela ne signifiait pas que j’étais née au cours d’un ouragan. Le jour de ma naissance, le 4 juillet 1950, se situe bien avant la saison des ouragans.
Il voulait dire que j’avais été conçue pendant un ouragan. Ou dans son sillage.

Ayé, j’ai lu Joyce Maynard! Lire la suite

En Italie, il n’y a que des vrais hommes – Luca de Santis & Sara Colaone

Tout le monde ici, me dit que je ne comprends pas! Eh bien, vous n’avez qu’à m’expliquer, brigadier, parce que moi, vraiment, je ne comprends pas…pourquoi je suis là?!

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Prologue

Il y a ces histoires que l’on trouve partout dans les rayons des librairies et qui ont comme sujet récurrent les tueurs en série. Et puis il y a les autres…qui semblent se cantonner aux bibliothèques des universités. La persécution des homosexuels en Italie en fait partie. Ce pays a utilisé, contre ses lesbiennes et ses gays, une arme souvent plus sournoise que la répression brutale: le silence.

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Quatre coeurs imparfaits – Véronique Ovaldé & Véronique Dorey

IMG_20160824_093705Les premiers mots

Rosa Luisa avait eu trois sœurs.
La plus jeune était folle, la deuxième était pute, la troisième était morte.
J’étais la fille de la troisième et j’habitais avec Rosa Luisa, l’aînée des sœurs.
Je me souviens que Rosa Luisa devait bien avoir cent ans et qu’elle était vierge.
Il y avait donc Rosa Luisa la vierge, Maria Cristina ma mère morte, Mercedes la pute et Pepina la folle.

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Les jours fragiles – Philippe Besson

Nous sommes une famille disloquée, détraquée. Avons-nous jamais été autre chose?

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Les premiers mots

Vendredi 22 mai

Dans notre famille, les hommes ne restent pas.
Vrai, quand on y songe, ils n’ont jamais rien fait d’autre que s’éloigner, prendre le large, et s’affranchir de nous, les femmes, condamnées à demeurer au pays, reliées à la terre. Je n’ai cessé de me demander d’où ils tenaient cette attirance pour d’autres ciels, alors que le ciel est le même partout.

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