La vie ça pourrait être autre chose.
Sinon j’allais crever, moi, à l’intérieur.
Résumé: Quand Judith rencontre Alain, elle découvre à la fois l’amour et la conscience politique. Cette jeune fille qui a grandi en oubliant qu’elle avait un corps est parvenue de haute lutte à quitter une famille soumise à la tyrannie du père pour étudier à la ville. Alain est un meneur, il a du charisme et parle bien, il a fait Mai 68. Si elle l’aime immédiatement, c’est pour cela : les idées auxquelles il croit, qu’il défend et diffuse, qui donnent un sens au monde.
Bref et intense, ce récit est celui d’une métamorphose : portée par l’amour qu’elle donne et reçoit, Judith se découvre un corps, une voix, des opinions, des rêves. L’entrée dans le monde de la littérature, de la pensée, de l’action politique lui ouvre un chemin de liberté. Jusqu’où ?
Les premiers mots
Je suis nue.
Lui aussi. Tout près de moi.
La tête sur son coude replié il me regarde.
Tout à l’heure il a enlevé ses petites lunettes rondes cerclées de métal et j’ai aimé voir ses yeux. Son vrai regard. Comme si les yeux aussi pouvaient être nus. Tout son visage offert.
J’ai pris son visage dans mes mains et je me suis sentie transportée d’amour. Pour ce visage, ce corps, l’odeur, son épaule. Lui. Tout lui. Complètement présent pour moi. Rien que pour moi.
J’en ai tellement rêvé. Et je pensais tellement que c’était impossible.
Dans les années 70, Judith et sa naissance au monde. Ou plutôt son éveil.
Jusqu’à ses 17 ans et jusqu’à ce qu’elle entre en fac de lettres, elle était comme sous apnée, ni présente de corps, ni d’esprit, effacée parmi cette jeunesse encore en révolte.
Grâce à Alain, un étudiant révolutionnaire qui attise les foules avec ses discours, elle découvre la lutte pour défendre des idées et l’idéologie de certains philosophes. Elle se sent vivante. Elle peut enfin se faire entendre et elle est soutenue par Alain et les autres.
Il y avait les livres, et il y avait nos vies à l’unisson, palpitantes.
Mais surtout, et c’est cela qui la chamboule le plus, elle apprend l’amour physique, l’amour tout court.
Elle découvre son corps, elle ressent des émotions qu’elle avait enfouies, elle se révèle à elle-même.
J’ai grandi seule. Dans ma tête. J’ai oublié mon corps.
Ce bouleversement va la conduire à réfléchir à sa vie « d’avant » entourée de sa famille. Sa soeur qui a peu d’ambition, sa mère qui s’efface de plus en plus devant son mari, son père qui est violent et autoritaire.
Elle exige d’elle-même de ne plus se laisser envahir par la morosité de cette famille. Elle se promet d’être libre, libre, libre.
J’ai complètement été happée par les réflexions de Judith, tant au niveau de la liberté à retrouver, la découverte du corps, l’amour pour les livres et surtout la passion dévorante qu’elle porte à Alain. Cet étudiant érudit, fonceur et sans peur.
En 87 pages, Jeanne Benameur nous livre une histoire poignante d’une étudiante en pleine transformation.
Une fois de plus les mots de Jeanne Benameur m’interpellent et me font vibrer.
– Pas assez pour être une femme de Jeanne Benameur, édition Acte Sud, Collection Babel, 2013, 87pages –
Je n’ai pas encore lu de roman signée de cette plume mais j’en entends toujours du grand bien
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Jette-toi à l’eau :-). Si tu lis un roman d’elle, fais-moi part de ton avis!
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oui !
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J’en garde un excellent souvenir. Je suis comme toi, la plume de Jeanne Benameur me fait vibrer, et pas qu’un peu !
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C’est tout à fait ça, sa plume nous fait vibrer 🙂
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Tentée aussi par ce titre, tout aussi court dis-donc! Depuis sa sortie, je trouve cette couverture magnifique (une bonne chose qu’ils l’aient gardée pour l’édition poche!).
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Je la trouve aussi très belle, très « sensuelle » et ce n’est pas pour rien!
Et oui, encore un texte court! 🙂
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Jolie chronique 🙂 Celui-ci est déjà dans ma wish list!
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Il est différent des « Demeurées » mais tout aussi beau!
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Comme je te comprends… ❤
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Oui, Jeanne Benameur est une merveille ❤
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Celui-ci nous parle plus directement, à nous femmes et filles d’autrefois! Récit très féministe mais ô combien juste, sans excès!
Merci encore ma p’tite Fanny!
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J’aime le « d’autrefois » :-D… Je suis heureuse qu’il t’ait plus!
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